© Camille Noûs

Baptiste MonsaingeonSociologue

Médaille de bronze du CNRS

 

Maître de conférence à l’université Reims Champagne-Ardenne, chercheur en délégation au laboratoire Espaces et sociétés (ESO, CNRS / Institut Agro / Le Mans Université / Nantes Université / Université d’Angers / Université Caen Normandie / Université Rennes 2) et rattaché à l’équipe REGARDS du Centre de Recherche Interdisciplinaire en Économie et Gestion (CRIEG, Université de Reims Champagne Ardenne), Baptiste Monsaingeon s’intéresse à la société du déchet et notamment des plastiques, omniprésents au quotidien.

Biographie du plastique, autopsie du déchet ménager, analyse de l’économie dite circulaire ou du « bien jeter », Baptiste Monsaingeon s’attache à décrire comment et partout dans le monde, les humains tentent de se débarrasser des restes de leurs activités quotidiennes. « À la façon des pisteurs, des archéologues, ou des enquêteurs en général, j’essaye de lire le fonctionnement des sociétés à partir de leurs traces, pas toujours volontaires. Les déchets me sont apparus très tôt comme des marqueurs de la façon qu’ont les êtres humains, et plus singulièrement les sociétés modernes, d’habiter le monde », explique-t-il.

Au début de sa thèse, sur le déchet durable, il embarque en 2009 pour un an à bord d’un voilier afin d’étudier les phénomènes d’agglomération de déchets plastiques dans l’océan Atlantique Nord. « Ni marin ni complètement sociologue, et pas autant concerné que je le suis aujourd’hui par les enjeux écologiques, ce premier terrain a été une expérience à la fois initiatique et singulière », se souvient-il. En 2014, autre déclic. Membre du conseil scientifique de l’exposition « Vie d’Ordures » au Mucem à Marseille, il rencontre un collectif de chercheurs et chercheuses rattachés au vaste champ de la rudologie, la « science des poubelles », inventée par le géographe Jean Gouhier dans les années 1980.

Alors postdoctorant à l’IFRIS et rattaché au Centre Alexandre Koyré, Baptiste Monsaingeon est nommé en 2018 maître de conférence en sociologie à l’université de Reims Champagne-Ardenne. En 2022, il est co-pilote scientifique d’une expertise collective interdisciplinaire (CNRS/Inrae) sur les plastiques dans l’agriculture et l’alimentation, avec pour mission de porter les approches en sciences humaines et sociales. Depuis 2023, il est en délégation à mi-temps au laboratoire ESO et co-anime l’un des axes du réseau thématique du CNRS « Déchets, Valeurs, Sociétés », lancé la même année et regroupant une centaine de chercheuses et chercheurs en France.

Baptiste Monsaingeon cherche désormais à retracer la vie sociale des plastiques, à comprendre leur contribution à un mode de vie, le nôtre, qui montre plus que jamais ses limites. L’objectif : documenter leurs trajectoires sociales et techniques, les jeux d’acteurs, tant à l’endroit de leur production ou de leurs usages qu’à celui de la fabrique de la réglementation qui tente d’encadrer leur diffusion. « Il m’arrive d’associer ma propre démarche de recherche à celle d’un chiffonnier, qui glane les restes souvent insignifiants des activités humaines, et qui tente de s’en faire l'interprète ».