<Armageddon> lauréat de l'appel à projet national French Tech Community Fund 2020

Innovation

Lauréat de l'appel à projet national French Tech Community Fund 2020, le projet ARMAGEDDON ambitionne de développer la culture entrepreneuriale dans les laboratoires de recherche. Co-porté par la délégation Centre-Est du CNRS, l’Incubateur Lorrain, LORNTECH et le PeeL de l’Université de Lorraine, il s’agit d’expérimenter auprès des chercheurs et des doctorants, un ensemble dactions afin de sensibiliser chercheurs et doctorants à l’entrepreneuriat DeepTech et à la création de startup.
Rencontre avec Pierre Séry, responsable Partenariat et Valorisation à la Délégation Centre-Est et coordinateur du projet <ARMAGEDDON>.

Le Projet ARMAGEDDON, c'est quoi ?

Le nom du projet <ARMAGEDDON> est inspiré du film de Michael BAY, dans lequel des foreurs deviennent le temps d’une mission « astronautes » pour faire exploser une météorite de la taille du Texas avant qu’elle ne vienne percuter la Terre. Porté pour le site lorrain, il a pour objectif de développer la culture entrepreneuriale dans nos laboratoires de recherche, afin qu’à terme plus de chercheurs et de doctorants se lancent dans la création d’entreprise et deviennent ainsi entrepreneurs. La comparaison est certes éloignée, mais le nom a le mérite de marquer les esprits.

Comment l'idée est-elle née ?

L’idée est née d’un constat général que nous sommes nombreux à avoir fait depuis plusieurs années.
Depuis la loi Allègre de 1999, un certain nombre d’outils ont été créés pour favoriser la création d’entreprises issues de la recherche. Mais il nous semblait que ceux-ci n’avaient que peu d’impact en amont.
Dans mon quotidien, je vois encore trop de technologies avec de forts potentiels de création de valeur économique rester dans des tiroirs, faute de trouver un porteur jusqu’au marché.
Il existe, études à la clé, un décalage entre le nombre de création de startups issues de la recherche et le potentiel de nos laboratoires de recherche. Depuis ma prise de fonction en 2017 à la délégation Centre-Est du CNRS, j’essaie de développer la culture d’un service et d’une administration qui expérimente, comme le font nos collègues dans les unités. J’ai pensé qu’il nous était possible d’essayer de nouvelles actions en la matière.

Qu'aspires-tu avec ce projet ?

L’important, c’est la culture entrepreneuriale. Le but n’est pas de compter au bout d’un an le nombre de nouvelles startups créées, cela n’aurait pas de sens. Comme pour la recherche publique, nous sommes sur des temps longs puisque nous nous attaquons à un aspect fondamental et amont des choses. Le projet doit permettre d’une part, une prise de conscience sur le fait que la création de startups est une voie de carrière et de valorisation, et d’autre part de donner codes et outils à ceux qui auraient l’envie de se lancer. Pour résumer, créer des conditions structurelles et durables pour le développement d’une culture entrepreneuriale basé sur l’expérimentation. Je vais encore utiliser une comparaison populaire, comme disait Johnny HALLIDAY, il s’agit de « donner l’envie d’avoir envie » !
Enfin, il s’agit aussi de compléter l’existant. Le site lorrain compte déjà un certain nombre d’initiatives remarquables, et ARMAGEDDON n’a pas vocation à les remplacer. C’est une pierre apportée à la politique de site.

Quels sont les partenaires impliqués et pourquoi ?

Etant dans une démarche de site, il était nécessaire de réunir des partenaires issus à la fois du monde académique et du monde des startups.

  • Le premier acteur de la création de startups issues de la recherche est bien entendu l’Incubateur Lorrain. C’est la structure porteuse de la démarche. Elle compte depuis l’an 2000 plus de 100 entreprises créées dont 78 toujours en activité.
     
  • Côté académique, l’Université de Lorraine est l’autre acteur incontournable, notamment via le Pôle entrepreneuriat étudiant Lorrain - PeeL, qui depuis 2011 a accompagné plus de 1000 étudiants-entrepreneurs. L’Université de Lorraine est d’ailleurs l’un des établissements pionniers en France en matière d’entrepreneuriat étudiant.
     
  • L’Inria s’est aussi engagé dans la démarche, en particulier via « Inria Startup Studio », un dispositif d’accompagnement dédié aux porteurs de projets deeptech numériques, avec pour objectif d’accompagner plus de 100 projets par an (au niveau national) d’ici 2023.   

Du côté secteur privé, c’est l’écosystème « deeptech » de LORNTECH (on parle de deeptech pour les innovations de ruptures, le plus souvent issues de la recherche publique), qui s’est associée à nous, notamment via des startups comme APREX Solutions, issue de travaux de l’institut Jean Lamour (UMR CNRS/UL à Nancy), ou encore 45-8 Energy, entreprise non issue de la recherche, mais qui mise particulièrement sur ses collaborations avec la recherche lorraine pour son développement. LORNTECH, c’est le label French Tech en Lorraine, qui fédère et anime l’écosystème des startups sur le territoire, et par conséquent un partenaire essentiel pour nous.
Nous sommes tous réunis autour des mêmes attentes : impulser une dynamique, développer la culture entrepreneuriale, lever les freins psychologiques des chercheurs et doctorants à la création de startup, favoriser le lien entre recherche publique et entreprises…

Concrètement, quel est le plan d'action ? Quelles sont les grandes échéances ?

Le projet est structuré en 3 axes :

  • Sensibilisation : nous allons lancer une campagne de communication pour sensibiliser à l’entrepreneuriat au sein de nos labos, et notamment créer un podcast - format de plus en plus suivi en France et dans le monde - pour faire témoigner les entrepreneurs et les personnes importantes de l’écosystème.
  • Animation et accompagnement : nous souhaitons renforcer les actions de formation déjà mises en œuvre auprès des laboratoires, mais également créer un « club » d’aspirants entrepreneurs issus de la recherche publique pour que ceux-ci puissent partager, échanger et s’entraider.
  • Consolidation : nous souhaitons également consolider notre écosystème de la deeptech en région en animant un groupe d’entrepreneurs « role models » et en mettant en place des formations pratiques aux potentiels entrepreneurs et aux personnes qui les entourent (personnels de laboratoires de recherche, directeurs de thèses, chargés de valorisation de la recherche…)

Nous commencerons par des actions ciblées sur un certain nombre de laboratoires à fort potentiel de création. Le lancement officiel du projet aura lieu en janvier et nous mènerons progressivement les actions jusqu’à un évènement bilan à la fin de l’année 2021, en espérant que nous serons sortis de la situation sanitaire actuelle. 

Pourquoi avoir candidaté à cet appel ? Que va-t-il permettre ?

L’appel à projets French Tech définit 3 axes prioritaires : « Talents et inclusion », « responsabilité et impact », et « attractivité et expansion ».
Sans forcément avoir besoin de financement pour nous lancer, nous avions déjà posé les bases du projet et cet appel à projet est tombé au bon moment. Nous entrions dans la première catégorie et nous étions totalement dans cette philosophie d’accompagnement des talents. Au-delà des 20 000€ alloués, ce label nous permet de mettre en avant notre démarche. L’appel à projets ne vient pas de notre ministère de tutelle, mais du ministère de l’économie, des finances et de la relance. J’y vois ainsi le symbole d’une reconnaissance de la recherche publique comme acteur du développement économique et de la relance de notre pays. Je n’ai pas connaissance du détail de tous les projets sélectionnés, mais il me semble que nous sommes l’un des rares (voire le seul) en lien avec la recherche publique. 

A nous maintenant de nous approprier ce label pour développer la culture entrepreneuriale dans nos labos !