La vie, sans oxygène ?

Écologie et environnement
Auteur(s)
Emmanuelle Vennin
Publication
septembre 2024
Appartenance
Biogéosciences

Dans un monde constitué d'eau et de roche, rythmé par les éruptions volcaniques, sans oxygène dans l'air, on se dit que la vie n'a pas pu se développer... 

Et bien détrompez-vous ! Il se pourrait bien que malgré un environnement peu accueillant, la vie aurait bel et bien pu se développer il y a plus de 2,5 milliards d'années.

Avec Emmanuelle Vennin, professeure à l'Université de Bourgogne et géologue au laboratoire Biogéosciences à Dijon

Audiodescription

Pouvez-vous vous présenter ?
Effectivement, je suis Emmanuelle Vennin, géologue et professeure à l'Université de Bourgogne depuis 18 ans. Avant cela, j'ai travaillé au Muséum d'Histoire Naturelle à Paris et étudié en Belgique. Depuis toujours, je suis passionnée par l'évolution de la Terre, les volcans, et comment cette planète est devenue vivante.

Vous travaillez notamment sur la manière dont la vie a pu se développer sans oxygène. Comment est-ce possible ?
Effectivement, nous savons aujourd'hui que la vie a pu se développer sans oxygène. C'est un travail en collaboration avec des biologistes et minéralogistes. Il y a environ 2,5 milliards d'années, un grand événement a permis l'apparition de l'oxygène dans les océans, puis dans l'atmosphère. Avant cela, notre planète avait une atmosphère très différente, riche en azote, méthane et CO2. Malgré ces conditions hostiles, des formes de vie, notamment des bactéries, utilisaient d'autres éléments comme le soufre ou l'arsenic pour survivre.

Vous avez donc étudié des environnements très spécifiques. Pouvez-vous nous donner des exemples ? 
Oui, j'ai voyagé dans des endroits variés, comme Cuba, l'Iran, et les États-Unis, pour étudier ces environnements. À Cuba, par exemple, j'ai étudié des lagunes actuelles pour comprendre le rôle des bactéries dans la formation des roches carbonatées. Aux États-Unis, nous avons travaillé dans le bassin And Range, notamment à Pyramid Lake, pour analyser des précipitations carbonatées.

Quels types d'échantillons ramenez-vous au laboratoire ?
Nous analysons à la fois des roches, de l'eau, et des tapis microbiens. Les techniques modernes nous permettent d'étudier ces échantillons de manière très fine, jusqu'au niveau microscopique.

Vous avez également évoqué des missions récentes. Quelles sont vos recherches actuelles ?
Nous avons recentré nos activités sur la région Bourgogne-Franche-Comté. Nous étudions les carbonates dans les rivières de la région. L'objectif est de comprendre comment les bactéries contribuent à la précipitation des carbonates, un processus que nous sous-estimions auparavant.

Pour conclure, qu'espérez-vous accomplir dans les prochaines années ?
J'espère avoir plus de temps pour poursuivre mes recherches, notamment sur le cycle du carbone et son rôle dans la régulation du CO2 atmosphérique. C'est un enjeu crucial pour mieux comprendre et protéger notre planète.