Visages de la recherche | Jean-Luc SIX, nouveau directeur du LCPM

Visages de la recherche

​Le CNRS est allé à la rencontre de Jean-Luc SIX, récemment nommé nouveau directeur du LCPM (CNRS/Université de Lorraine).

Quel est votre parcours ?

Après avoir obtenu un diplôme d'études approfondies en polymères, j'ai enchainé avec un doctorat au Laboratoire de Chimie des Polymères Organiques de l'Université Bordeaux 1 puis effectué un stage post-doctoral au Centre d'Etude et de Recherche sur les Macromolécules à Liège. Recruté en 1997 à l'Institut National Polytechnique de Lorraine, j'ai été rattaché au Laboratoire de Chimie Physique Macromoléculaire (LCPM) et affecté à l'Ecole Nationale Supérieure des Industries Chimiques (ENSIC). En 2001, j'ai effectué une mutation vers l'Ecole Européenne des Ingénieurs en Génie des Matériaux (EEIGM). A l'EEIGM, j'ai été responsable du recrutement en cycle ingénieur sur les concours CCINP et « Prépa des INP » pendant plus de dix ans et, outre les responsabilités de modules, j'anime la discipline chimie et le pôle Elaboration et Mise en Forme. Je coordonne également l'option « Matériaux pour la santé » et assure la responsabilité du parcours "Matériaux Polymères et Composites" de la spécialité "Advanced Materials Science and Engineering" (AMASE, Label ERASMUS MUNDUS) du Master mention "Sciences pour l'Ingénieur et Matériaux". J'ai soutenu mon habilitation à diriger des recherches en 2004 et ai été promu professeur des universités en 2012. Sur le plan de la recherche, je me suis investi dans la vie du LCPM depuis ma nomination, en animant l'équipe "Polymères et Biosystèmes" puis en co-animant l'axe "Biomolécules et vectorisation". Nommé directeur adjoint du LCPM sur la période 2021-2023, j'ai pris la direction de cette unité en janvier 2024.

 

Quel est votre domaine de recherche ?

Depuis ma nomination, j'ai initié une nouvelle thématique de recherche au LCPM sur les glycopolymères amphiphiles (GPAs) biocompatibles/biodégradables qui associent des polysaccharides et des polymères de synthèse. Alors rare dans le paysage international en 1997, cette activité permet de valoriser des polysaccharides issus de la biomasse dans des applications bien spécifiques comme par exemple dans le domaine biomédical. Cette activité a progressivement pris de l'ampleur grâce aux collaborations avec certains des collègues et doctorants/étudiants impliqués. La majorité des thèses que j'ai (co)dirigées ont alors contribué à diversifier les voies de synthèse de ces composés, leurs natures chimiques et paramètres macromoléculaires, en recourant à divers mécanismes de polymérisation contrôlée. Cette activité représente encore l'axe principal de mes travaux de recherche.

Mon second axe porte sur l'élaboration de nano-objets à surface polysaccharide destinés à des usages en nano-médecine par exemple. Ainsi, j'ai progressivement décrit des nanosphères biodégradables furtives à surface polysaccharide permettant de déclencher la libération d'un anti-cancéreux sous l'action du pH et de la lumière. Je m'attache également à diversifier la morphologie de ces nano-objets et à comprendre la construction de ces édifices. J'ai par exemple décrit les tous premiers GPAs porteurs de greffons à caractère mésomorphe cristal-liquide capables de s'auto-organiser en solution aqueuse sous forme de vésicules. Plus récemment, le procédé PISA (Polymerization Induced Self-Assembly) a été appliqué dans l'unité pour produire des nano-objets en dépassant les verrous imposés par les procédés « classiques » d'auto-organisation des GPAs. Des nano-objets de diverses morphologies telles que les micelles sphériques ou cylindriques, les vésicules,... peuvent maintenant être aisément produits en jouant sur les paramètres des GPAs et ceux du procédé PISA.

 

Quels sont vos projets au sein du laboratoire ?

Depuis quelques mois, j'ai entrepris de réorganiser les thématiques de recherche du LCPM en collaboration avec la directrice adjointe de l'unité, notamment lors de l'écriture du projet scientifique pour le renouvellement de l'unité. Compte-tenu des compétences du LCPM reconnues en chimie et physico-chimie des polymères et des (pseudo)peptides et de notre attrait vers certaines thématiques, l'unité est désormais constituée d'une seule équipe étudiant la synthèse et les propriétés physico-chimiques des dérivés et matériaux polymères ou peptidiques pour la santé, l'environnement et l'énergie. Dans le domaine de la santé, nous nous intéressons :

  • aux agents de ciblage, aux chélateurs peptidiques de métaux et aux (pseudo)peptides destinés à améliorer des thérapies, des diagnostics ou à jouer les 2 rôles (théranostic);
  • à des biomatériaux mous (hydrogels (pseudo)peptidiques), submicroniques (colloïdes polymères/polysaccharides) ou doués de propriétés antioxydantes intrinsèques.

Le second domaine d'applications qui attire notre attention porte sur la préservation de l'environnement à l'aide de membranes polymères pour la purification de biocarburants et la capture du CO2, de technologies de fertilisation contrôlée des sols, et de molécules biosourcées pour gélifier les polyélectrolytes de batteries), puis sur la sobriété énergétique dans le développement de procédés de polymérisation moins énergivores.

Visages de la recherche

Les Visages de la recherche sont des témoignages authentiques de celles et ceux qui façonnent la science au quotidien. À travers des rencontres avec des chercheuses, des chercheurs, ainsi que des personnels administratifs et techniques, Visages de la recherche met en lumière la diversité des métiers au sein du CNRS.

En partageant leurs parcours, leurs métiers, et leur vision de l'avenir, ces femmes et hommes révèlent des domaines scientifiques parfois méconnus et l'impact de leurs travaux sur les grands enjeux de notre société. Au-delà de leurs contributions scientifiques, ils incarnent l'engagement de la recherche publique, reflet de la mission du CNRS au service d’un progrès durable qui bénéficie à toute la société.

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