Le futur des biocarburants
Imaginez remplir le réservoir de votre voiture avec un carburant issu uniquement de plantes ou de déchets agricoles.
C’est ce que nous proposent les bio-carburants, des énergies renouvelables fabriquées à partir de ce que l’on appelle la « biomasse » qui sont étudiés à Nancy et qui fascinent les chercheurs et chercheuses.
Aujourd’hui, nous recevons l’un d’entre eux, Jérémy Bourgalais qui est chargé de recherche CNRS au Laboratoire Réactions et Génie des Procédés (LRGP – CNRS/Université de Lorraine) à Nancy.
Lumière sur... Le futur des biocarburants
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Comment la biomasse est transformée en carburant ?
Il y a plusieurs méthodes selon le type de biocarburant que l'on souhaite obtenir. On peut comparer ça à une recette de cuisine. L'ingrédient principal est la biomasse, qui peut être d'origine végétale ou animale. On la fait réagir avec d'autres ingrédients dans des conditions de température variées. Par exemple, la fermentation, comme pour le vin, permet de transformer des sucres en alcool, utilisable comme carburant. Il existe aussi la pyrolyse, qui chauffe la biomasse à très haute température en absence d'air, produisant un liquide épais utilisable comme carburant.
Qu'en est-il des terres agricoles utilisées pour produire ces biocarburants ?
Les biocarburants de première génération proviennent de cultures agricoles comme la canne à sucre ou le soja. Mais ils entrent en compétition avec les cultures alimentaires. Aujourd'hui, nous nous tournons vers les biocarburants de seconde génération, issus de résidus agricoles, forestiers ou même de déchets municipaux. Il n'y a donc pas de conflit avec l'alimentation humaine.
Les biocarburants de seconde génération sont-ils aussi efficaces que les carburants fossiles ?
Ils sont moins énergétiques car ils contiennent plus d'atomes d'oxygène. Cela signifie qu'un litre de biocarburant vous mènera moins loin qu'un litre de carburant fossile. Cependant, ils restent une alternative intéressante, avec un potentiel de réduction des émissions de dioxyde de carbone. Mais des incertitudes demeurent sur d'autres polluants, notamment les aldéhydes.
Quels sont les défis à venir ?
Leur coût est encore un obstacle, tant sur le plan financier qu'énergétique. À l'échelle européenne, les biocarburants représentent moins de 10 % de l'énergie consommée, et pour ceux de seconde génération, c'est même moins de 1 %. Il faut donc réussir à réduire ces coûts pour accélérer leur utilisation.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J'ai commencé par une licence de physique et un master de modélisation à l'université de Rennes. Ensuite, j'ai fait une thèse en chimie à l'Institut de Physique de Rennes, où j'étudiais les nuages moléculaires dans l'espace. J'ai ensuite travaillé dans un laboratoire fédéral aux États-Unis sur la chimie de l'atmosphère, avant de revenir en France pour étudier les atmosphères d'exoplanètes. Je suis aujourd'hui chercheur au CNRS à Nancy, où je me concentre sur la chimie des biocarburants et l'atmosphère terrestre.