Talents CNRS 2022 : 7 médailles du CNRS en Centre-Est
Chaque année, les médailles du CNRS distinguent les femmes et les hommes, chercheurs, ingénieurs et techniciens qui contribuent de manière exceptionnelle au rayonnement de l’institution et plus largement de la recherche française. En 2022, les médailles d’argent (chercheur senior) et de bronze (chercheur junior) et de cristal (ingénieur) ont été attribuées à 92 scientifiques et le cristal collectif à 11 équipes.
Cette année, la délégation Centre-Est est heureuse de compter 7 lauréats dans le palmarès des Talents CNRS 2022 :
Médailles de Bronze
La médaille de Bronze récompense le premier travail d'un chercheur ou d'une chercheuse prometteur dans son domaine.
Daniel BRUNNER
Chargé de recherche CNRS à l’Institut FEMTO-ST, spécialiste des réseaux de neurones photoniques.
Après l’obtention de son doctorat, Daniel Brunner poursuit ses recherches à travers l’Europe, avant d’entrer au CNRS en 2015. Il explore le potentiel d’une nouvelle génération d’architectures photoniques pour le traitement d’informations. Pour cela, il élabore des dispositifs photoniques neuromorphiques - inspirés du cerveau humain - dont l’architecture est plus rapide et plus efficace que celle des technologies actuelles d’intelligence artificielle (IA). Son idée : créer des réseaux de neurones 3D communiquant par des signaux optiques, plutôt qu’électroniques. Daniel Brunner a ainsi mis en place une approche microsystème innovante. Grâce à des guides d’ondes interconnectés fabriqués par impression 3D, il relie de nombreux neurones optiques à grande échelle. Cette première mondiale a ouvert la voie au développement d’une nouvelle génération de réseaux de neurones matériels qui optimiseront des champs d’application de l’IA.
Aurélien Royer
Chercheur en paléontologie spécialiste de l’étude des paléoenvironnements et des paléoclimats du Pléistocène supérieur au laboratoire Biogéosciences.
Comment les sociétés humaines et les animaux se sont-ils adaptés aux changements climatiques survenus durant le Pléistocène supérieur – entre 126 000 et 11 700 ans avant notre époque ? Cette question trotte dans la tête d’Aurélien Royer qui espère trouver une partie de la réponse au cœur des fossiles de mammifères qu’il étudie. Avec ces derniers, il reconstitue l’évolution du climat et des biocénoses, l’ensemble des espèces d’un espace écologique donné. Pour cela, le chercheur adopte une approche à la croisée des domaines de la géochimie, de l’archéologie ou encore de la paléoécologie. Il a ainsi contribué à une meilleure compréhension de l’enregistrement de certains signaux isotopiques, à la constitution de référentiels utiles à sa discipline et à l’identification de nouvelles communautés animales fossiles. Au cours de sa carrière, Aurélien Royer a également été associé à de nombreux programmes de fouilles archéologiques et dirige celles du site de La Balutie (Dordogne) depuis 2016.
Médailles d'Argent
La médaille d’argent distingue des chercheurs et des chercheuses pour l’originalité, la qualité et l’importance de leurs travaux, reconnus sur le plan national et international.
Véronique Cortier
Directrice de recherche en informatique spécialiste de la sécurité des protocoles de communication au sein du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications.
Pour Véronique Cortier, faire confiance à nos ordinateurs est une mauvaise idée. C’est pourquoi, elle contribue à protéger notre vie informatique depuis son doctorat, obtenu en 2003 à l’ENS de Cachan. Directrice de recherche CNRS à seulement 32 ans, elle obtient le prix Inria - Académie des sciences du jeune chercheur en 2015 pour ses travaux sur les protocoles cryptographiques qui sécurisent nos échanges sur Internet. À l’aide de méthodes s’appuyant sur la logique, la vérification ou encore la cryptographie, Véronique Cortier étudie la sûreté des communications. Dans le cadre de son ERC Starting Grant ProSecure, elle s’est également intéressée au vote électronique. Avec son équipe, elle développe le protocole Belenios qui garantit la transparence d’un scrutin tout en assurant la confidentialité des votes. À ce jour, le système a été utilisé par plus de 120 000 électeurs dans plus de 3 500 élections.
Claire Gardent
Directrice de recherche en linguistique informatique au Laboratoire Lorrain de recherche en informatique et ses applications.
Après un doctorat en sciences cognitives de l'université d'Édimbourg en 1991, Claire Gardent poursuit ses recherches aux Pays-Bas puis en Allemagne, avant d’entrer au CNRS en 2000 où elle travaille sur l’étude du traitement des langues par ordinateur. La chercheuse élabore, entre autres, des modèles informatiques d’analyse sémantique qui dérivent le sens d’un texte à partir des mots qui le composent. Ses résultats contribuent ainsi non seulement à l’amélioration des dialogues humain-machine dans des environnements virtuels, mais aussi à l’apprentissage des langues assisté par ordinateur. Plus récemment, Claire Gardent s’est intéressée à la génération automatique de textes dans diverses langues à l’aide de méthodes d’intelligence artificielle. Des recherches à fort impact qu’elle développe en relation étroite avec de grandes entreprises et des start-up via des projets collaboratifs et des co-encadrements de thèses. Elle porte aussi l’une des quarante chaires nationales en intelligence artificielle.
Médailles de Cristal
La médaille de cristal distingue des femmes et des hommes, personnels d’appui à la recherche, qui par leur créativité, leur maîtrise technique et leur sens de l’innovation, contribuent à l’avancée des savoirs et à l’excellence de la recherche française.
Benoît Denand
Spécialiste de la caractérisation des matériaux métalliques, ingénieur de recherche à l'Institut Jean Lamour, dans l'équipe de recherche Microstructures et contraintes.
Dès son arrivée à l'Institut Jean Lamour en 2005, Benoît Denand prend la responsabilité d'une plateforme d'essais dédiée à la métallurgie, constituée de huit équipements (dilatomètres, machines thermomécaniques). La même année, il participe à sa première campagne d'essais sur un synchrotron, l'ESRF à Grenoble. En collaborant ensuite à de multiples campagnes sur divers synchrotrons dans le monde, il acquiert l'expérience qui lui a permis de concevoir un appareillage très innovant: un four transportable sur lignes synchrotrons, permettant d'obtenir simultanément et en continu des données sur la résistivité électrique, la cristallographie, et l'état de contrainte d’une éprouvette en rotation pendant un cycle thermique. Ce dispositif unique au monde a été breveté en mai 2019. En parallèle, Benoît Denand accroît sa participation aux projets de recherche de son équipe. Il réalise actuellement une thèse sur l’analyse quantitative des cinétiques des transformations de phases par résistivité électrique dans des alliages de titane.
Pascaline Saire
Assistante ingénieure, responsable administrative et financière du Laboratoire de mathématiques de Besançon (LmB).
Responsable administrative et financière du LmB, Pascaline Saire a un positionnement créatif et innovant dans le souci permanent de la qualité de service rendu aux agents. Elle œuvre à renforcer la qualité d’accueil, à faciliter les démarches administratives afin de permettre aux membres du laboratoire d’effectuer leur recherche le plus sereinement possible. Son engagement en faveur de la recherche et du rayonnement du laboratoire, ses actions et son dynamisme sont reconnus et grandement appréciés. Son implication dans l’organisation des 25 ans du LmB a contribué au succès de l’événement. L’environnement de travail est également un aspect dans lequel Pascaline Saire s’implique fortement. Elle est devenue référente « qualité de vie au travail et écoresponsabilité » en 2018 en reconnaissance de son initiative d’animation d’un groupe de travail et de la mise en place d’actions au sein du laboratoire. Par son engagement depuis son arrivée au LmB, Pascaline Saire a œuvré à restructurer le service administratif et financier et à favoriser la convivialité au sein du laboratoire.
Médaille de Cristal Collectif
Le cristal collectif distingue des équipes de femmes et d’hommes, personnels d’appui à la recherche, ayant mené des projets dont la maîtrise technique, la dimension collective, les applications, l’innovation et le rayonnement sont particulièrement remarquables. Cette distinction est décernée dans deux catégories : « appui direct à la recherche » et « accompagnement de la recherche ».
Equipe Click & Read
Proposer un outil simple, rapide et efficace pour accéder à des publications scientifiques : c’est le pari que s’est lancé l’équipe Click & Read en développant une extension de navigateur internet. En un clic, chercheurs, chercheuses, et personnels de recherche peuvent désormais consulter plusieurs centaines de millions de ressources documentaires. L’objectif : favoriser le partage de la science.
Pour l’équipe de Click & Read, regroupant des spécialistes de la documentation et des ingénieurs en développement informatique de l’Institut de l’information scientifique et technique (Inist), il s’agissait de changer de paradigme : non plus aiguiller les chercheurs et chercheuses vers les articles scientifiques, mais leur amener directement les ressources. À l’écoute de l’évolution des besoins et des pratiques liées au progrès des technologies, de l’Internet et de l’ouverture de la science, ils ont su exploiter les compétences de chacun pour avancer de concert avec les utilisateurs et développer en un temps record — 4 mois — une solution efficiente. En mars 2021, la première version de l’extension Click & Read était disponible. Dans un souci constant d’amélioration de l’outil, l’équipe a également mis en place tout au long de l’année 2021 des webinaires de présentations et d’échanges. Ils ont pris en compte les retours des chercheurs et chercheuses, dont notamment, le souhait d’intégrer les ressources de leurs autres tutelles, universités et organismes de recherche. Les membres de l’équipe Click & Read ont cherché des établissements pilotes et ont relevé ce challenge. En mars 2022, ils ont livré une nouvelle version de l’extension, plus collaborative, qui permet d’élargir l’accès aux savoirs scientifiques et rendre accessible aux communautés de recherche du CNRS l’ensemble de leurs sources d’information via un outil unique facile d’utilisation : Click & Read remplace et unifie désormais les extensions des trois plateformes gérées par l’Inist, ISTEX, Panist et BibCNRS, auxquelles s'ajoute l'extension libre Unpaywall qui contient les ressources de l’archive ouverte HAL ainsi que celles des nouveaux établissements partenaires. Un réel succès : l’extension enregistre à ce jour plus de 14 000 installations et comptabilise une moyenne de 6700 téléchargements d’articles par semaine.